Jean Bonichon et Sylvie Paradis

"...Outre un profond respect et une appétence pour l'activité de l'autre, nous possédons tous deux un rapport fort, un lien singulier au paysage; ce paysage en tant qu’espace vécu, sensible, praticable, partageable nous paraît être un formidable outil de mobilisation pour/par la création. Ainsi, alors que Sylvie pose une expertise sur le paysage en tant qu’objet interactif d’expression sensible producteur de sens et de valeurs, Jean y puise des interstices inédits et poétiques."

Jean Bonichon

"Je suis un artiste à la pratique protéiforme (combinatoire, installation, vidéo, performance, sculpture...). Mon travail interroge un absurde qui questionne les problématiques actuelles dans un regard décalé, parfois amusé. Le paysage et le contexte sont des moteurs notables de mes créations."

Sylvie Paradis

"Architecte-urbaniste, docteure en géographie et aménagement, je suis spécialisée en médiation paysagère et stratégies territoriales… Pour moi, le paysage est avant tout un outil citoyen, de mobilisation, de projet, source de sens et de valeurs à partager. Ma pratique a eu lieu tant en bureau d’études, qu’à l’université ou en écoles d’ingénieurs agro, toujours en lien direct avec les acteurs territoriaux et/ou le grand public, le plus souvent à l’aide d’objets intermédiaires (cartes ou maquettes collaboratives, enquête photo, etc."

"...Outre un profond respect et une appétence pour l'activité de l'autre, nous possédons tous deux un rapport fort, un lien singulier au paysage; ce paysage en tant qu’espace vécu, sensible, praticable, partageable nous paraît être un formidable outil de mobilisation pour/par la création. Ainsi, alors que Sylvie pose une expertise sur le paysage en tant qu’objet interactif d’expression sensible producteur de sens et de valeurs, Jean y puise des interstices inédits et poétiques."

Le binôme est accueilli en résidence de création/médiation dans le contexte du programme d’information et de sensibilisation sur les risques sur le littoral basque – Arriskua, programme mené en 2019 et 2020 par le CPIE LB avec l’intention de contribuer à la prévention et la gestion à travers plusieurs grands axes de travail et la création d’actions transversales. L’un de ces axes s’articule donc autour de cette résidence et à travers le croisement du regard de Jean Bonichon et de Sylvie Paradis. L'objectif du programme Arriskua est de faire intégrer aux différents publics une culture du risque et de les accompagner vers plus de résilience face à ces enjeux. De ce fait, cette résidence de trois mois se déroule en partie avec un groupe d’élèves du lycée agricole Saint Christophe à Saint Pée sur Nivelle et prévoit des moments de rencontres avec le grand public.

Une exposition en avril 2020 à la maison de la corniche Asporotsttipi clôturera la résidence.

Les approches thématiques et pistes créatives


"...Avec sa côte et sa corniche, le territoire d'Hendaye et le domaine d'Abbadia propose un contexte géographique très spécifique nourrit d'activités humaines; une identité propre mise en jeu, voir en "péril", par les évolutions climatiques et les risques. Comment ce territoire unique chargé de son histoire pourrait-il relever les enjeux contemporains?

La première piste de travail s'articule autre de l’immersion-submersion; l'impact sur le paysage, sur l’habitude, sur la vie et les activités, par les variations de ce niveau aquatique. La Mer est reconnue comme le niveau zéro de toutes mesures en géographie. Dans ce territoire mouvant, les repères anciennement ancrés se trouvent bousculés; si la mer monte, l'idée que ce puisse être les sommets qui se recroquevillent semble troublante. Le jeu démesuré de la marée, la submersion menaçante pourront être mise en scène dans l’espace public, in situ. Le flux et reflux, la montée du point zéro, le recul des terres jusque-là préservées offrent alors la possibilité de jouer du dessus-dessous comme des variabilités-variantes de points de vue (du ciel, de la terre, des fonds marins,…). Les œuvres et dispositifs multiples seront là pour simuler, provoquer, projeter, débattre, exprimer…

En effet, l’immersion et la submersion sont des événements bousculant les usages et les usagers; cela pousse à la réflexion en s'appuyant sur le paysage comme outil de médiation. Dans un premier temps, il s'agit d'évoquer avec différents publics ce qui change déjà, mais aussi de convoquer la mémoire de phénomènes antérieurs, et encore d’imaginer ensemble ce que seront demain les possibles conséquences (acceptables ou pas); quelles sont/seront les traces? Que restera-t-il? Car derrière la temporalité, avec à la fois le temps court (événement climatique) et le temps long (montée des eaux), se pose la question de ce qui reste, de ce qui restera.

Et par les interrogations de la spatialité ce font les jeux d'espace du monter-creuser, des vides et des pleins, des volumes et niveaux, de la ligne d'horizon mouvante, du négatif-positif (ex: les vases communicants – cf. "l'invasion de la mer" de Jules Verne) ou encore du déplacement / migration (cf. démolition des villages avant l’inondation du barrage des 3 gorges dans le film de Jennifer Baichwal de 2006 "Paysages manufacturés").

En cherchant un poétique possible des territoires disparus (mythe de l'Atlantide), de la migration engendrée par une relocalisation (village déplacé de Trafaria au Portugal), il sera possible de matérialiser, pour faire inter-réagir, susciter, stimuler, mobiliser l'invention en cherchant à aller plus loin que le simple archivage. Par ex: penser le bâti / l’habité comme futur territoire sous-marin, comme récif à venir (ex: Simon Faithfull qui coule un bateau pour en faire un habitat / récif pour la faune et flore marines). Il s'agit de trouver ce qui fait trace en laissant place. Par ailleurs, donner l'occasion au public, aux passant de faire l’expérience par l'illusion visuelle (en s'appuyer sur les procédés simple de magie, d’illusionnisme…), permettra de stimuler la prise de conscience des dangers et du bousculement. Sur cette base se formulera un débat autour du défi de l'adaptation, de l'opportunité de construire du nouveau par un engagement collectif. Les œuvres et dispositifs seront plus prétextes, à exprimer, à sensibiliser, pour fédérer, interroger, par les sens, pour trouver un sens à cet inévitable. Comment faire société demain, malgré, avec, par ou grâce à la catastrophe?..."..." *Extrait du dossier de candidature.


Crédit photo: Jean Bonichon



Nekatoenea

Nekatoenea, Résidence d'Artistes
Domaine d'Abbadia - 64700 HENDAYE-HENDAIA

DRACDDCS 64Nouvelle-AquitaineConseil Départemental 64Agglo Pays Basque | Euskal Hirigune Elkargoa

SITE MAP