Isa Suarez
Angleterre
Luzienne d'origine, compositrice, elle vit et travaille depuis 15 ans à Londres.
Elle compose pour le cinéma, la danse et le multimédia, elle est aussi auteur-compositeur et chanteuse pour son groupe "Fin de siècle".
Après avoir collaboré avec divers plasticiens, depuis 2001, elle crée ses propres installations sonores.
Elle est aussi membre et co-fondatrice de la Basque Electronic Diaspora.
Isa Suarez a cheminée le long des rivages, des falaises au verger, à travers landes et bosquets. Elle a capté les bruits de tout ce qui bouge, vit et respire sur le domaine et aux alentours. Comme beaucoup d'autres artistes-résidents, elle a interrogé le "génie des lieux" qui lui a fourni ample récolte de sons, sensations et émotions.
Peu à peu, Isa Suarez a entremêlé deux langages plastiques, visuel et sonore, dans ces "espaces recrées" où elle nous invite à entrer et à partager ses découvertes. Espaces éphémères bien sûr, le temps d'une exposition au Musée de Guéthary, le temps des ces installations surprises tout au long d'une rue à Hendaye avec la complicité de commerçants prêts à jouer une expérience imprévue.
Ainsi Isa Suarez, réalise parfaitement le double objectif des résidences d'artistes à Abbadia: franchir une étape dans l'affirmation de ses recherches artistiques et tirer parti des qualités et ressources du site d'Abbadia.
A mi-parcours dans sa résidence à Abbadia, Isa Suarez propose "700'', une installation sonore de 11mn 40 secondes qui invite à une écoute d'atmosphères diverses, dans l'obcurité. Après avoir constitué une bibliothèque de sons naturels, urbains et humains "récoltés" et enregistrés sur le Domaine d'Abbadia et en Pays Basque, elle a sélectionné une variété de bruits pour créer cette installation. Elle manipule les textures, les volumes, les rythmes et les mouvements des sons dans l'espace stéréophonique. Certains bruits restent à l'état pur, d'autres sont transformés. L'artiste invite à un voyage à la fois intime, rafraîchissant, poétique et humoristique.
Un passage de lumières noires nous conduit dans un paysage sonore où s'entremèlent des bruits reconnaissables, familiers (vent, ruisseau, oiseau, ouverture et fermeture de porte et jeu de pelote basque) et étrangers, non reconnaissables. Cette installation travaillée comme un film en noir et blanc, inspirée par les vers du poète britanique Robert Buchanan, ami de Dickens: "Bruits charmants qui rôdent alentours, Oh voix de la nuit, Chantez plus, Chantez plus bas!"* produit une sensation de ténèbres dans le seul but d'éveiller l'écoute et exiter l'imagination du public. Chaque visiteur est ainsi porté à réagir vivement car le rapport à soi est fortement exacerbé par cet environnement visuel et sonore qui est propice à la re-création d'un espace-temps dans lequel l'esprit d'invention de l'observateur est renforcé. Les lumières noires provoquent un phénomène de nuit intense qui n'est pas sans rappeler les profondeurs abyssales, les gouffres océaniques, comme une mer sans fond ou une nuit sans lune. La nuit ainsi créee exalte des souvenirs, images, idées, d'une grande sérénité, loin de tous sentiments d'inquiètude. La nuit semble ici se prolonger, au grè des différents éléments qui composent ce dispositif et au-delà de la course régulière du soleil et de la lune, pour mieux nous faire parvenir à un monde enchanté, clair, pur, débarassé de toute impression de peur et de crainte. La nuit devient maintenant ce lieu intime et apaisé, où la moindre trouble est absent, qui nous invite à une ré-interprétation des éléments sonores et visuels de notre environnement quotidien.