Mathieu Schmitt
La mer est indicible.Sur la plage. De long en large. Les promeneurs et les chiens.Les vagues effacent leurs pas. Je n’aime pas la trace que je laisse là. Derniers jours d’été. petit baigneur. architectures de sable et marmaille acidulée. Une sirène enlève sa peau de néoprène. dans la muraille les satyres. Lasse une fée a regardé la marée basse. Des marches de l’automne aux marches de l’hiver. trois mois. sur la lande la maison. l’habiter Nekatoenea. face au soleil et dos aux vents. la servante m’a-t-elle accepté? Dans les prés fleurissent les agneaux. les pies de dos en dos gardent le troupeau. au-delà sur la butte. dans le château quels secrets? Ez ikusi. ez ikasi*. Fais-moi pas rire d’Abbadie. Transit vitas sicut fumus** Les pommes du verger. cueillies. croquées. broyées. pressées. bues. sagarnoa. le jus fermente. les idées aussi. tempête dans un verre d’eau. cela tournera-t-il au vinaigre?
La volonté. la briser. Au lunatic garden. Les fous. Cassés. Enfermés. Encagée. Va et vient. Moi dehors. ma pensée. Pas de corps pas de cris. La baleine je l’ai pas vue. découpée. tronçonnée. évacuée. Comme Dürer je l’ai pas vue la baleine. Mais le jumeau soufflait lui. shhhfff…
Dans la falaise une frontière s’effrite.Les galets murmurent à Erdiko. A l’église en bateau Bixinto tombe à l’eau. Neuf jour et. un noyé pensif. à la terre rendu. L’océan est vert ou bleu. de nacre ce soir. rumeur. l’écume blanche. Blancs aussi les goélands. le vent. ouest ou sud. murs de pluie ou brume d’arc-en-ciel. Le ciel est bleu ou gris. noir aussi. sous l’horizon où la ligne d’Outre-mer?
comme après chaque mer houleuse la plage est jonchée de déchets. civilisation du plastique. vert et rouge. sur le sable échoué. le canard w-c. L’eau. l’eau des vagues. la trace qu’elle laisse sur le sable. parfois j’ai cru voir…
"(...) depuis sa résidence à l’Abbaye de La Prée il y a huit ans, Mathieu Schmitt recrée des micros univers, écosystèmes virtuels ou particules élémentaires qui simulent de façon poétique et ludique la complexité du monde vivant. Ces formes, traces, signes vus à la loupe d’un microscope ou d’un puissant télescope, semble décrypter la vie comme forme d’organisation de la matière tout en restant fortement attachés à l’univers plus connu de la peinture abstraite. Détachés de toute représentation, ces fragiles tracés semblent directement issus de l’esprit de l’artiste. D’abord métaphores de l’âme, le geste suit: la ligne dessinée est mouvement à la fois mental et physique, elle poursuit les méandres de la pensée et le cours de la vie". Anne-Valérie Léglise
"(…) Or ce monde est mouvement, extension continue dans l’espace nous dit Mathieu Schmitt en déplissant nonchalamment d’une feuille à l’autre de ses dessins les manches et les pans de cet étrange vêtement flottant". Marie-Claude Berger