Pierre Grangé-Praderas
Né en 1981, Pierre Grangé-Praderas vit et travaille à Bordeaux. Après des études techniques il est diplômé de l'école des Beaux-arts.
Il travaille avec les abeilles et autour du langage. Cela donne lieu à des sculptures, des dessins, des installations, des vidéos, des photos, des poèmes voire même à du code informatique. Ces travaux se réunissent autour de performances, où à l'aide d'un tableau et d'une craie, il conte un univers mythologique peuplé d'objets, mêlé de réflexions et d'interrogations, de la disparition des abeilles à l'apparition de la réflexivité dans les langages.
Invité depuis avril 2014 par le CAPC musée d'art contemporain de Bordeaux, il y mène un rucher expérimental: "LaMine", où sont produits des œuvres, des performances, des ateliers ainsi que du logiciel et du matériel libre pour aider les apiculteurs et les chercheurs à récolter des données sur leurs ruches.
« Pierre Grangé-Praderas inscrit son œuvre dans la pratique du hack comprise dans un sens plus vaste que celui de piratage. Le hack est pour l’artiste, qui adhère au manifeste de McKenzie Wark, une méthode de travail et une attitude à l’égard du monde. Du point de vue de la méthode, le hack est bien souvent détournement, qu’il requiert la collaboration d’abeilles comme avec LaMine, ou la transformation d’une centrifugeuse à miel pour afficher des textes de l’artiste avec LLEM (Linguic Light Extraction Machine). Du point de vue de l’attitude à l’égard du monde, Pierre Grangé-Praderas développe une connaissance ouverte, en accès libre, partagée. L’installation LaMine en est emblématique. A partir d’un rucher expérimental disposé sur le toit du CAPC à Bordeaux, Pierre Grangé-Praderas met en place une situation collaborative avec des scientifiques, des ingénieurs, d'autres artistes et des abeilles. « LaMine, dit-il, m’a permis de créer un système de capteurs sous licence libre qui envoie les données récoltées (poids, température, humidité, chant des abeilles) sur une base de données publique (openbeelab.org) ». Cette installation fonctionne comme un laboratoire ouvert pour d’autres œuvres à venir. On peut dire que « son travail ne sera jamais uniquement le travail sur des produits mais toujours en même temps un travail sur les moyens de production » (Walter Benjamin). Comme tout hacker selon McKenzie Wark, il « est à la fois producteur et produit du hack, il émerge dans sa singularité comme la mémoire du hacking en tant que processus ». L’œuvre de Pierre Grangé-Praderas a une portée philanthropique, avec des moyens simples, en cherchant à apprendre et partager la connaissance l’artiste tente de Réenchanter le monde, voire de le repenser: « hacker c’est exprimer la possibilité de nouveaux mondes ». » Raphael Cuir, Critique et Historien de l'art